Ce que les autres pensent de toi ne te regarde pas.
- lespetitsmotsdecar
- 14 janv. 2024
- 5 min de lecture
Gérard Briffoteaux

Ce que les autres pensent de toi ne te regarde pas. C'est leur problème, pas le tien. C'est un point de vue qui tranche avec ce qu'on est habitué d'entendre.
Quand j’ai commencé à enseigner, j’étais sensible à la critique et à ce que les autres pouvaient penser de moi et de ma façon de faire les choses.
Bien qu’il était important de développer une pratique réflexive sur ma façon d’enseigner (être capable de me voir aller) et d’avoir une certaine ouverture aux suggestions pour me réajuster, me fier constamment à ce qu’un tout un chacun pensait a eu un impact sur ma confiance et au final, les enfants finissaient par être déboussolés par mes consignes contradictoires.
Il m’arrivait aussi de me laisser toucher par les commentaires de personnes dans d’autres circonstances. Un jour, mon amoureux (aujourd’hui, mon mari) m’a fait remarquer que si un inconnu, un peu farfelu, me passait un commentaire désobligeant, je le prendrais probablement à la légère. Ce n’était pas tant ce que les gens disaient qui m’atteignait, mais l’importance que j’accordais à la personne qui le disait.
Au fil du temps, j’ai appris à départager ce qui m’appartient dans les critiques qui me sont adressées et ce qui appartient à l’autre et à ses propres fragilités. Cela n’est pas toujours facile, mais cette petite phrase m’aide à faire la part des choses et à agir en fonction de mes propres convictions.
Je peux accepter d’être en désaccord sur un point avec quelqu’un sans que cela affecte l’estime que je me porte ou la relation avec la personne qui me fait une critique. Mais surtout, je ne perds pas mon temps à chercher à savoir ce que les autres pensent de moi, ça ne me regarde pas.
Ce que les autres pensent de toi ne te regarde pas. C’est une petite phrase que nous nous rappelons souvent en famille. Un jour, je discutais avec l’enseignant de ma fille qui me racontait qu’il devait aller consoler une de ses élèves qui était dans tous ses états parce que des garçons de la classe avaient dit des méchancetés au sujet de sa famille.
Il est repassé me voir par après pour me dire que tout était arrangé, ma fille avait expliqué à son amie que ce que les autres pensaient d’elle ou de sa famille ne la regardait pas. Il a retenu la leçon pour lui aussi. Il venait d’un petit village où on lui avait montré à se comporter en fonction de ce que les autres allaient dire de lui.
Je me souviens aussi d’un jour où deux collègues parlaient d’une enseignante d’une autre école qu’ils connaissaient tous les deux. Je leur ai dit que je serais bien curieuse de savoir ce qu’ils disaient aussi de moi quand je n’étais pas là. Mais à voir l’expression de leur visage et en me rappelant la petite phrase, je leur ai dit que tout compte fait, je préférais ne pas le savoir. Cela a tout de même coupé court à leur séance de commérage !
Caro
Pour aller un peu plus loin...
Voici donc dix bonnes raisons de se moquer de ce regard fatigant. Attention cependant: l’objectif est de minimiser l’impact du regard des autres sur nous, afin d’autoriser ce nous-même bien caché au fond de sa caverne à sortir de son hibernation et à s’exprimer avec moins d’anxiété. Parce que c’est bon pour l’estime de soi. Il ne s’agit pas de gonfler l’égo jusqu’à ce que nous soyons persuadés que nous pouvons faire absolument tout ce qui nous plaît sans nos préoccuper de nos contemporains.
D’autre part, parce que ce sont des raisons, ces affirmations sont raisonnées (ça, c’est de la révélation), elles sont le fruit d’un raisonnement logique. Du coup, si elles peuvent apparaître parfaitement vraies, cela ne signifie pas qu’il nous soit facile d’y croire, tant l’écart entre la raison et les tripes est parfois vaste. L’idée est donc de proposer une autre façon de voir les choses, de façon à ébranler les convictions limitantes qui génèrent notre anxiété face au regard des autres.
1- Le jugement des Autres, c’est le nôtre
Nous généralisons aux autres notre propre système de valeurs et d’évaluation de ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Ainsi, si nous pensons que montrer ses émotions est un signe de faiblesse, nous avons tendance à nous imaginer que les autres le pensent aussi. Et vous savez quoi? Souvent nous avons tort!
2- Les Autres jugent… ni plus ni moins que nous-mêmes
Parfois, la peur d’être jugé est directement proportionnelle à notre propension à juger. Pour la raison mentionnée dans le 1: si je juge de façon systématique les faits et gestes des autres, alors il y a de fortes chances pour que je sois persuadé(e) que les Autres font pareil.
3- L’impact négatif du jugement des Autres est quasi nul
Si nous mesurons aussi objectivement que possible l’impact réel du jugement des Autres sur notre vie, il est très faible. Faites le test:
– Que se passera-t-il vraiment si les Autres voient ce que vous cherchez à leur cacher? – Si Tartempion pense que vous n’êtes pas aussi grand, beau et fort que vous devriez l’être; quelles sont les conséquences réelles?
4- L’acceptation de soi nous rend beaux et sympathiques
Accepter ce que nous considérons comme des défauts ou des manquements nous rend profondément humains: nous sommes comme tout le monde, imparfaits et faillibles, et ça c’est tellement rassurant pour nos concitoyens (et pour nous aussi). En d’autres termes, l’estime de soi, c’est la beauté des laids. Du moins de ceux qui ont réussi à se persuader qu’ils le sont;)
5- Les Autres nous veulent du bien
A quelques rares exceptions près, les gens que nous côtoyons au quotidien au mieux nous veulent du bien, au pire ne nous veulent pas de mal. Et perdus que nous sommes dans les méandres obscurs de la trouille, des flubes, des miquettes et autres chocottes, nous oublions que la bienveillance et à l’autre bout de la ligne l’indifférence, sont plus courantes que la médisance et la méchanceté. Et que la médisance parle de ceux qui la pratique et non pas de ceux qui la subissent.
6- L’importance que nous donnons au regard des Autres, c’est autant de pouvoir
Pas plus compliqué que les vases communicants: plus je j’accorde de l’importance au jugement d’autrui, plus mon propre jugement perd de la valeur. C’est comme ça que nous donnons aux Autres le pouvoir de déterminer notre valeur. Adieu, estime de soi. Brrr, ça fait froid dans le dos. Apprenez donc à vous valoriser, plutôt qu’à attendre l’approbation du juge suprême.
7- C’est de la lecture de pensée
… et nous ne sommes pas béta zoïdes. Nous ne savons pas ce qui se passe dans la tête de l’autre et même si nous le connaissons bien, il pourrait bien nous surprendre. S’imaginer ce que les Autres pourraient penser, c’est une sacré perte de temps et d’énergie. Et carrément contre-productif, car la plupart du temps, nous donnons dans l’interprétation abusive et nous nous plantons royalement.
8- Focaliser sur le regard des Autres, c’est les ignorer
A première vue, celle-ci peut paraître contradictoire, mais pas du tout. En focalisant sur ce que je crois (car au fond j’en sais rien, voir 7) que les Autres vont penser de moi, je nie leur capacité à émettre des jugements qui leur sont propres, à avoir leur propre système de valeurs. Je ne fais que projeter les miens, je ne leur laisse pas de place pour exprimer qui ils sont. Un bon moyen de se pourrir les relations!
9- Les jugements des Autres n’engagent qu’eux
Ce qu’ils pensent n’appartient qu’à eux, dans la mesure ou leurs opinions et jugements se fondent sur leur système de valeurs, de convictions et de perceptions qui n’a rien d’universel. Ce qui signifie qu’eux aussi ont de fortes chances de pratiquer l’interprétation abusive, le jugement hâtif etc.
10- Se soumettre à un dictateur, et puis quoi encore?
Accorder beaucoup d’importance au regard des Autres, c’est se soumettre au diktat d’une échelle de valeur qui ne nous appartient pas. Nous valons mieux que ça!
Comentarios